Gabriel BARRET
Extrait :
19 avril 1917 « Au prix de dangers inouïs deux hommes viennent d’aller chercher un peu d’eau… (nous sommes isolés depuis près de 90 heures)… ils me rendent compte qu’aucune relève n’est envisagée !… je viens de grignoter le dernier biscuit avec Picat qui se trouve dans le trou d’obus à côté du mien. Le plateau de Vauclerc est en ce moment un épouvantable charnier au milieu duquel dominent, et de beaucoup les uniformes bleu-horizon… Nos effectifs sont réduits des deux tiers : je fais donc partie du tiers restant…
le moindre petit coin de ce champ de bataille ferait frissonner jusqu’à la moelle l’être humain, le plus inconscient, qui s’y trouverait…On nous dit de tenir… simplement ! Depuis 90 heures, nous ne dormons pas… nous sommes à bout… et dans quel état… au milieu des cadavres… des excréments et d’une boue infecte qui s’agglutine après tout… après nous… Pour ajouter à cette horreur notre propre artillerie a – pendant plusieurs heures - ouvert dans nos rangs des brèches sanglantes (…) En pleine fournaise (…) je crie… nous crions désespérément : il faut que cesse à jamais cette inacceptable monstruosité… »
Extraits de La Lettre du Chemin des Dames, n° 24, printemps 2012.
Présentation
Gabriel Barret, sergent au 127e RI laisse un témoignage saisissant du Chemin des Dames avant et pendant l'offensive d'avril 1917 sous la forme de photographies commentées et de notes. Mobilisé dès le mois d'août 1914 dans la Creuse (Guéret), il est présent dans l'Aisne au printemps 1916 puis à la fin de l'année après un passage marquant dans la Somme. Il reste sur le Chemin des Dames jusqu'au 22 avril 1917, date à laquelle il est blessé par éclats d’obus.
